Et l'identité française ?
On peut se considérer parisien.ne plutôt que français.e / on peut s'identifier plus ou moins avec l'idée d'une identité nationale
Thanh : Moi, je me sens pas particulièrement française, je me sens très parisienne, parce que je trouve que sur Paris on est dans une zone où il y a un multiculturalisme. Française, non, parce que je trouve que la question d'identité nationale, elle ne me correspond pas.
Cécile : Lorsqu'on part en vacances et où les personnes ont pas vu forcément de personnes d'origine asiatique, on se sent très étrangers à notre propre pays.
Est-ce que vous vous sentez accepté.e comme français.e ?
Kévin : Beaucoup de Teochew de ma génération, si on allait au Cambodge pour y vivre, on ne dirait pas « On rentre au pays, on est chez nous. » Non, on irait comme des expatriés ou des touristes. Moi, par exemple, je suis déjà parti au Cambodge. Je me considérais comme un touriste là- bas. Je ne considérais pas que c'était mon pays d'origine. Je n'en ai pas de pays d'origine. Je dirais que mon origine, moi, c'est la banlieue parisienne.
Boulomsouk : Et c'est un problème qui englobe toutes les immigrations en France, malheureusement, c'est qu'ils ont du mal à comprendre que d'être français, c'est pas avoir une tête de blanc... je pense qu'il y a un problème d'éducation, parce que l'éducation n'est pas faite à l'école. Il n'y a peut-être pas assez de cours sur la colonisation, sur l'esclavage, sur plein de choses, sur la politique en fait coloniale de la France et d'expliquer l'histoire de toutes ces migrations-là. Alors que ça permettrait justement de savoir d'où les gens viennent et pour quelles raisons ils sont là.
Thanh : Et aussi pour se faire accepter par la France, ou l'idée que nous on avait de la France, c'était qu'il fallait être français. Et pour être français, qu'est-ce qu'il fallait faire? On ne pouvait pas changer notre physique. C'était de maîtriser la langue, de faire mieux que ce qu'on attendait d'un élève standard. Parce qu'il fallait gagner notre place en tant que français.
Diane : Déjà dans ma tête, je ne me sens pas complètement française. Et je ne pense pas que je me sentirai française un jour à 100%. Je ne pense pas que les gens nous acceptent non plus, parce que génétiquement on n'est pas pareil.
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Et c'est partout pareil. Dès qu'il y a quelqu'un qui n'est pas comme vous, vous le regardez différemment. Je sais qu'au Vietnam, en voyage, on me regarde différemment, parce que je ne suis pas du pays. On voit que je suis touriste, et je sais qu'on se permet de dire des choses devant moi en vietnamien, pensant que je ne comprends pas. Donc je comprends ce qu'on dit sur moi. C'est pour ça que je vous ai dit au début que je ne me sens ni ici, ni là-bas. On est parti, pour eux on n'est plus les gens de là-bas, et pour les gens d'ici, on n'est pas les gens d'ici.