Racisme / discrimination intercommunautaire
Comme le sujet du racisme intercommunautaire peut être sensible, toutes les citations sur cette page ont été anonymisées.
Le racisme, défini comme "une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, selon la nationalité, une prétendue race, la couleur de peau, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique" (Plan national de de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine, 2023) ne vient pas que des personnes blanches. Sur cette page on va abordé le racisme venant des Asiatiques, le racisme venant d'autres communautés racisées envers les Asiatiques, et la discrimination au sein des communautés chinoises.
Le racisme venant des Asiatiques
Comme l'a évoqué Daniel dans l'introduction du racisme, il existe des Asiatiques qui, en raison de leur statut de minorité modèle, peuvent adopter les discours d'extrême droite. Un des participants a mentionné des Asiatiques qui sont dans "la pensée eurocentrée, occidentale, qui vont être des alliés de la dominance blanche." En niant le racisme anti-asiatique, ils se positionnent du côté des personnes blanches et attaquent les autres communautés racisées dans le but de l'intégration.
Par exemple, dans un des entretiens, un participant a constaté : “Avec les Français on n'a pas trop de problèmes, mais les Africains volent souvent les Chinois.” Des généralisations comme cela créent des stéréotypes négatifs sur toute une population.
Lors d'un autre entretien, un Asiatique a listé des stéréotypes (positifs et négatifs) sur toutes les communautés racisées les plus importantes en France, y compris la sienne.
Une autre personne a dit que certains parents asiatiques traditionnels pensent que les personnes arabes ou noires peuvent avoir une mauvaise influence sur leur enfant : "Je pense que le racisme vient de personnes différentes. Je sais qu'il y a des Asiatiques qui n'aiment pas les Africains. C'est vraiment des personnes traditionnelles. Je sais qu'il y a des parents, quand leurs enfants [passent du temps] avec des personnes africaines, avec des Arabes, qui ont peur pour leurs enfants. Ils ne préfèrent pas que leurs enfants restent avec eux parce qu'ils trouvent que ça peut avoir une mauvaise influence."
Cette hiérarchie se manifeste dans les mariages aussi ; une des personnes interrogées a raconté qu'un membre de sa famille était marié avec une personne d'origine africaine, et que ses parents avaient eu beaucoup de mal pour l'accepter. La personne s'est demandé : "Pourquoi on accepterait plus un Européen qu'une personne d'origine africaine?"
Il y a également beaucoup d'adultes qui ont vécu du racisme, mais qui ne se sont pas rendu compte qu'il s'agissait de racisme jusqu'à plus tard. Une personne décrit cette expérience comme "un travail de déconstruction, de réflexion, en grandissant, en vieillissant." Le racisme était tellement banalisé, tellement quotidien, qu'ils ne le voyaient pas.
Finalement, on peut voir sur la carte mentale de cette personne asiatique qu'iel ne se sent pas en sécurité dans les endroits dans le nord de Paris, où se trouve une importante population immigrée.
Le racisme anti-asiatique venant des autres communautés racisées
De même que certains Asiatiques adoptent le même discours que des personnes blanches, certains personnes des autres communautés racisées adoptent les mêmes clichés sur les Asiatiques pour se rapprocher des personnes blanches. Il n'y a donc malheureusement pas toujours de solidarité entre des communautés racisées. Un participant a partagé son expérience d'enfant dans un quartier avec beaucoup de mixité :
Depuis tout petit, ma première expérience de racisme, c'est à l'école. C'est avec des gens qui eux-mêmes n'étaient pas blancs, comme on aurait pu l'imaginer. C'est du racisme intercommunautaire. Parce que moi, là où j'ai grandi, il n'y avait que des Noirs et des Maghrébins, donc le premier racisme, c'est par eux que je l'ai ressenti. Je trouve que là où il y a un problème en France, c'est que déjà à cet âge-là, on ne se considère pas français, nous, les Français d'origine étrangère. Parce que dans la cour de récréation, c'était tout de suite « T'es un quoi ? » Et quand on dit « T'es un quoi ? », on ne dit pas « Je suis un Français. » Parce que pour eux, c'est évident, on parle français. « T'es de quelle origine ? » Et donc moi, je disais quand j'étais petit, même des fois maintenant, que je suis cambodgien, alors que je ne suis pas d'origine cambodgienne. Je suis d'origine Teochew du Cambodge, mais je ne suis pas Khmer. Mais je disais ça parce que mes parents disaient « Oui, tu dis que t'es cambodgien parce qu'on est né au Cambodge et parce que les gens sont racistes envers les Chinois. » Je ne disais pas que j'étais un Chinois. Et c'est vrai que moi, je sentais que les gens à l'école étaient racistes envers les Chinois, qu'ils se permettaient de dire des choses, que le racisme envers les Chinois et même les Asiatiques en général était plus banalisés que le racisme envers d'autres communautés. Parce qu'on pouvait insulter les Asiatiques et dire que c'était pour rire.
La discrimination et les stéréotypes au sein des communautés chinoises
Même entre des personnes chinoises, il y a des stéréotypes et de la discrimination. Un participant a mentionné :
Je pense que la population chinoise du nord, surtout de Hong Kong, subit plus d'actions racistes que la population du sud. C'est ce que je constate. Parce qu'ils ont une mauvaise réputation dans la communauté chinoise. L’évolution de la population migrante change du Sud au Nord. Et quand vous voyez ces dernières années, je pense que c'est plus de populations du nord qui sont sorties du pays d'origine, qui sont venues dans divers pays. Je ne sais pas dans les autres pays mais en France, la population du Nord a une mauvaise réputation dans la communauté chinoise. Ces actes viennent des autres Chinois ; pour les non-Chinois, ils ne peuvent pas identifier de quelle partie de Chine ils sont. Mais pour les Européens, ils aiment bien les Chinois du nord. Mais au contraire, au sein de la communauté chinoise, c'est le contraire, il y a une mauvaise réputation.
Un autre participant a commenté :
Je suis un homme du Nord. Les hommes au Sud pensent que les gens au Nord sont grands, mais stupides. Mais les gens au Nord, ils vont dire « Les gens au Sud, ils sont petits. Ils sont très malins.